Résumé
Haïti est souvent décrit comme un pays entièrement déboisé, avec moins de 2 % de couverture arborée, et comme une société paysanne analphabète et affamée qui détruirait les ressources forestières pour répondre aux besoins énergétiques nationaux et assurer sa propre survie. Ces représentations simplifiées, largement diffusées, sont parfois même intégrées par les Haïtiens eux-mêmes.
Cet ouvrage propose une lecture bien plus complexe et nuancée. Il retrace d’abord près de deux siècles d’exportation du bois, matière première alimentant les industries américaines et européennes du textile, de la construction navale, de la tannerie, de l’ameublement ou encore de la pharmacie. Il examine ensuite, à partir d’études scientifiques récentes, l’étendue et la composition réelle du couvert arboré actuel, ainsi que le poids économique des filières du bois et des fruits dans le pays.
L’ouvrage présente également un bilan de plus d’un demi-siècle de projets de reboisement et de lutte contre l’érosion dans un territoire souvent cité comme un cas d’école de dégradation environnementale. Il souligne enfin que des solutions durables ne peuvent émerger qu’en s’appuyant sur l’expérience et le savoir-faire séculaire d’une paysannerie dont le dynamisme n’est plus à démontrer.
Pourquoi le lire ?
Ce livre permet de se familiariser avec une approche critique par rapport aux visions souvent mal informées sur la problématique de la déforestation et du reboisement en Haïti. Le discours dominant sur la déforestation et les moyens de la combattre demeure en effet généralement réducteur. Ce discours repose aussi sur une vision idéologique qui considère l’agriculteur des mornes comme la principale menace pour l’environnement en milieu rural et le responsable des dommages causés par les multiples catastrophes « naturelles ».