Résumé
Dans le Sud tunisien, l’occupation des sols a connu d’importantes transformations au cours du XXᵉ siècle, sous l’effet des pressions démographiques et des dynamiques socio-spatiales. À partir des années 1950, la croissance de la population favorise le développement de l’agriculture dans les jessour, ces ouvrages traditionnels de conservation des eaux et des sols aménagés dans les ravines. Cette période correspond à une phase d’expansion, où les jessour se multiplient et contribuent à structurer les paysages agraires.
À partir des années 1970, l’exode rural s’intensifie. Les populations se concentrent dans les villes, entraînant une transformation profonde des espaces ruraux. Si de nombreux jessour continuent encore à être utilisés et entretenus à cette époque, l’abandon progressif de certains d’entre eux commence à marquer le territoire.
Aujourd’hui, ce processus s’accentue : la majorité des jessour sont délaissés. Leur abandon les expose à l’érosion, ce qui accentue leur dégradation et modifie profondément les paysages.
L’exode rural actuel se traduit ainsi non seulement par une recomposition sociale et territoriale, mais aussi par une fragilisation de ce patrimoine agraire et environnemental.
Pourquoi le lire
Ce texte offre une clé de compréhension des transformations profondes qui traversent le Sud tunisien depuis un siècle. Retracer l’évolution des jessour, depuis leur expansion dans les années 1950 jusqu’à leur abandon actuel, c’est interroger à la fois l’histoire sociale, les dynamiques territoriales et les défis environnementaux qui se posent aujourd’hui. Loin de n’être qu’un héritage du passé, les jessour révèlent la manière dont les sociétés locales ont façonné leurs milieux, avant que les mouvements de population et l’exode rural ne viennent en bouleverser les équilibres. Lire ce texte, c’est donc comprendre comment se nouent les liens entre société et environnement et pourquoi la question de la préservation de ces aménagements traditionnels reste d’une grande actualité face aux risques d’érosion et à la fragilisation des paysages.